PROTECT30 - retour sur 30 années d'architecture - Philippe Van Goethem

30 ans d'architecture et d'assurances

Nous sommes aux côtés des architectes depuis 30 ans. Durant ces années, la profession a beaucoup évolué ; et nous, nous avons évolué avec elle. Pour PROTECT 30, nous nous sommes entretenus avec quatre architectes que nous accompagnons depuis 30 ans. Quatre clients de la première heure. Quel regard portent-ils sur leur carrière, quelles en ont été les étapes marquantes et leur vision de l'assurance a-t-elle changé ?

Épisode 3: Table ronde avec Philippe Van Goethem de SVR-Architects


Quels changements avez-vous observés dans le secteur de la construction ces 30 dernières années ? Et quelle en est l'incidence sur les tâches et les responsabilités de l'architecte ?

Sans aucun doute le lancement de l'ordinateur, qui a dominé ces trente dernières années. À mes yeux, la numérisation du secteur de la construction a trois grandes conséquences : la rapidité et la complexité accrues des processus ainsi que l'introduction des modèles BIM.

Avec la numérisation, tout doit aller beaucoup plus vite. Les recherches, la rédaction des documents, les échanges de données... L'ensemble du processus est accéléré et il y a donc un risque que les travaux soient incomplets ou moins précis.

Les choses deviennent aussi plus complexes : on ne saurait comparer un dessin sur du papier au travail sur des logiciels. Évidemment, les programmes informatiques ouvrent beaucoup plus de possibilités. Tout devient possible, pour ainsi dire.

Ces dernières années, l'utilisation du BIM (la création de modèles numériques) a fait son apparition, ce qui demande de nouvelles expertises que les architectes doivent acquérir s'ils souhaitent suivre le rythme du secteur.


Les 30 dernières années se caractérisent aussi par la multiplication des normes et des lois. Au sein d'un bureau d'architecture, cet aspect devient presque une spécialité à part entière. L'apparition de nouvelles règles et lois doit faire l'objet d'une attention constante et ces nouvelles connaissances doivent être assimilées rapidement et durablement. Elles relèvent en effet de la mission et de la responsabilité du concepteur.

Les motivations économiques prennent le dessus, plus que par le passé, et la qualité et le contenu doivent s'adapter. Le rôle du temps et de l'argent est important. Les attentes des clients s'opposent parfois aux intérêts et aux visions des décideurs et du personnel technique : l'architecte se retrouve alors souvent pris en tenaille entre les deux parties.

Souvent, les maîtres d'ouvrage sous-traitent leur projet parce qu'ils ne disposent pas du savoir-faire technique nécessaire en interne. L'architecte doit donc travailler avec des intermédiaires et occupe une position différente. Les décisions tardent parfois à venir parce que l'intermédiaire doit faire remonter l'information à son client, tandis que l'architecte, lui, est censé aller de l'avant dans le respect des délais impartis. En pratique, il peut arriver que ces intermédiaires ne soient en fait rien d'autre que des boîtes aux lettres, ce qui a évidemment une incidence négative sur les contraintes de calendrier, déjà importantes lors du processus de construction.

La crise financière de 2008 a conduit à prendre des décisions sur le fil du rasoir.

Et en raison du télétravail obligatoire, l'actuelle pandémie de COVID-19, qui domine l'année 2020, n'est pas non plus sans conséquence. Car la distance engendre des problèmes de coordination et il est moins évident d'avoir des moments de concertation au bureau. Avec une coordination plus difficile et une vue d'ensemble plus complexe, le risque que les travaux soient incomplets augmente. Sans compter que les contrôles sur le chantier sont aussi beaucoup plus compliqués.

Par ailleurs, la mise en place de concours pour remporter les projets fait peser une charge supplémentaire sur les concepteurs. Du point de vue du client, il s'agit d'une façon idéale de recueillir les idées du marché sans devoir mettre la main au portefeuille. Mais souvent, la participation à un concours implique la nécessité de trouver des idées rapidement, de les mettre sur papier alors qu'elles ne sont pas assez élaborées – souvent en se fondant sur les informations et les données du client, incomplètes. Ce qui suscite dans le chef du client des attentes qui ne pourront pas forcément être satisfaites par la suite. Même s'il s'agit plutôt d'une vision, de l'aspect esthétique, de l'intégration dans un environnement, du reflet des attentes, plutôt que d'un véritable concept, le client en tire des promesses.

Les concours se déroulent parfois en plusieurs étapes, si bien qu'une sorte de mini-compétition succède à la phase de sélection. Tout cela demande énormément de temps et de travail, sans rémunération ni même certitude que le contrat sera attribué.

De plus en plus d'entreprises du bâtiment répondent à une logique d'actionnariat : leur caractère familial se perd peu à peu. Ce qui n'est pas sans conséquence sur les modalités de la construction. Là où les sociétés familiales se mettent plutôt en quête de solutions face à un problème, les entreprises répondant à une logique d'actions vont plutôt chercher à facturer des surcoûts, à négocier une extension de délai, à offrir une qualité moindre au même prix.

L'univers des architectes aussi évolue : les idées innovantes sont parfois plus importantes que la technicité. La formation est surtout axée sur l'aspect créatif, alors que dans la pratique, c'est justement la technique qui ne cesse de gagner en importance.

Il ne fait aucun doute que l'aspect de la durabilité viendra aussi influencer le monde de la construction. Le concepteur doit d'ores et déjà prendre en considération des attentes futures alors même que celles-ci sont toujours incertaines. La conception doit résister à l'épreuve du temps sans que le concepteur puisse estimer quelles seront les exigences auxquelles elle devra répondre.



Une assurance RC spécialisée est-elle devenue plus nécessaire que par le passé ?

Il va sans dire que les évolutions que je viens d'évoquer ne sont pas sans conséquence sur les responsabilités de l'architecte. Ne serait-ce que parce que la qualité des bâtiments est dictée par des tiers, notamment les promoteurs ainsi que les quantity et quality surveyors, alors que la responsabilité reste celle du concepteur. Il arrive malheureusement que l'assurance RC obligatoire de l'architecte soit utilisée abusivement pour faire accepter certaines décisions : on impose des modifications, souvent pour des raisons de budget, ce qui vient alourdir la responsabilité du concepteur.



Pourquoi êtes-vous resté fidèle à Protect ?

Parce que la collaboration était bonne. La qualité de l'assistance et la réactivité ont donné lieu à une grande confiance mutuelle. SVR connaît la valeur de son assureur et Protect a confiance en son client.


Table ronde Bruno D’hondt Table ronde Jo Verstraete
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